Deep South, here we come. Nous sommes depuis hier soir à Paris, Tennessee, home of the world biggest fish fry. Arrivée de nuit, après nous être enfoncés tout l'après-midi dans les forêts qui vallonnent l'ouest du Kentucky, de plus en plus dense après le paysage de prairie que nous avons sillonné ces derniers jours. La ville possède un centre un rien plus étendu que son homonyme, avec en plus tout l'attirail de junk-food à emporter et de pièces détachés automobiles sans lesquels l'american landscape n'existerait pas. Pas de piétons à l'horizon, tout se fait en bagnole (il existe un drive-in pour poster ses lettres sans descendre du pick-up). Nous commençons of course notre exploration de la ville par un bar, le Richard Naggin's. Billards, grand drapeau américain au plafond, fresque murale avec sous-marins et porte-avions aux tons pastel en hommage à l'armée américaine. L'attraction majeure reste le karaoke qui semble être un vrai sport local que vante chaque échoppe. Les habitués se pressent devant l'écran pour chanter un morceau de Prince, un extrait de Grease ou un vieux tube country ("I won't smoke weed with Billy again…"). La serveuse chante rudement bien. Deux cowboys font leur entrée en roulant des mécaniques. Bien bourré, l'un d'entre eux entame Great Balls of fire de Jerry Lee Lewis, puis se met à raconter par le menu à la trentaine de personnes du bar comment une dame de soixante ans qu'il ramenait chez elle "en vrai boy-scout" après une soirée trop arrosée l'a gratifié d'un blow-job avantde coucher avec lui. Bref, l'atmosphère est un rien plus détendue que lors de notre dernière étape.
Sinon, notre style, comment dire, relativement européen attire spontanément les gens. Du coup, au RJ's Lounge Billiards, où nous prenons un café, je me retrouve en première ligne pour taper le bout de gras avec un certain David McNeill, 250 ans à vue de nez, qui nous invite à passer chez lui sur Regin Street, pour des motifs que l'élocution sudiste et une dentition proche du néant rendent difficilement compréhensibles. Je parviens seulement à comprendre que que s'il vient souvent dans les bars pour oublier ses problèmes, c'est parce que l'atmosphère lui rappelle le restaurant que tenait son père. Et je lui rappelle un ami perdu. Mais je crois qu'il a l'impression que nous sommes des Mormons ou que nous travaillons pour une entreprise, ce n'est pas très clair. Ça pourrait être pire : à Paris, Kentucky, on nous prenait systématiquement pour des étudiants, du coup cela prend presque la tournure d'un compliment…
Nous mangeons un poisson-chat au Knott's puis nous passons à côté du tournoi de pêche ce samedi au bord du Kentucky Lake (le deuxième plus grand lac artificiel des Etats-Unis). On se console en regardant un concert en plein air de The River, un groupe de metal qui joue devant quatre personnes en l'honneur du Henry County Animal center Concert and Fun day (ils dédient leur morceau My reality à leur pote parti en Irak). Demain nous allons à l'église nous régénérer spirituellement. Nous en avons bien besoin.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire